Patrimoine
La collecte et la valorisation des archives sonores se trouve au cœur des préoccupations d’un certain nombre d’associations et d’adhérent·e·s du réseau FAMDT. Comment décrire le fruit des collectes de terrain réalisées depuis de nombreuses années, pour le rendre accessible auprès des chanteur·euse·s, musicien·ne·s et le tissu artistique qui souhaitaient les consulter ? Comment valoriser les sources et les rendre accessibles ? comment les nouvelles technologies permettent de faire un travail de narration augmentée pour une réappropriation des sources et des collectes sur des enjeux d’éducation artistique et culturelle et/ou de création ?
Les enjeux patrimoniaux de la FAMDT s’inscrivent au cœur d’une démarche de coopération en lien avec le tissu d’adhérent·e·s qui développe collectivement une mutualisation des méthodes de traitement (dans ce cadre voir le travail de rédaction du « Guide d’analyse documentaire du son inédit« ).
Jusqu’à aujourd’hui, ce guide a servi de référentiel à de nombreuses structures en charge de fonds sonores : associations, services d’archives départementales… Sa traduction en espagnol en 2007 lui vaut également d’être un outil de référence dans les pays hispanophones.
Visibilité des collections sonores
La FAMDT recherche également à renforcer la visibilité des collections sonores des structures du réseau et en à faire valoir le travail. Dans ce cadre, depuis 1999, la FAMDT est pôle associé de la Bibliothèque Nationale de France (BnF). Elle est encore aujourd’hui le seul pôle associé fédératif et également le seul à décrire des archives sonores. Les fonds sonores ainsi traités dans le cadre du pôle associé sont également consultables sur Gallica, portail développé par la BnF.
La FAMDT pilote également le Portail du Patrimoine Oral , portail particulièrement bien référencé par les grands moteurs de recherche généralistes et qui offre un accès simplifié aux notices à travers un catalogue collectif constitué. Construit sur le protocole OAI-PMH, il moissonne les bases de données distantes en ne sollicitant qu’un nombre de champs limités (les 15 champs définis dans la norme du Dublin Core Simple), ce qui permet une grande réactivité, à la différence des (lourdes) bases de données aux notices très développées ! Un internaute en recherche d’une chanson précise, par exemple, aura ainsi plus de chance de trouver sa réponse via ce Portail dans la mesure où les réponses du Portail viendront s’afficher en haut de page dans les résultats de recherche.
Mutualisation des fonds
Tout ce travail collectif, initié par la FAMDT, autour des questions documentaires donne lieu à d’autres réalisations dans le réseau. À titre d’exemple Le projet Massif Central, lancé entre 6 associations du centre de la France a ainsi permis la mise en place d’une base de données mutualisée entre ces structures. Celle-ci a évolué pour devenir la Base Inter-régionale du Patrimoine Oral en intégrant un nouveau partenaire : l’association La Loure, en Normandie. Cette base est gérée par la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne et fonctionne sur le principe de coopération entre les différentes associations qui l’utilisent.
Le travail sur la documentation porte aujourd’hui sur le développement du Portail du Patrimoine Oral afin d’agréger de nouvelles bases de données, gérées par des associations du réseau, et, ainsi, rendre visibles des fonds sonores en provenance d’un plus grand nombre de régions (du local à l’international).
Des documents qui intéressent la recherche
Un autre axe de travail porte sur la recherche de nouvelles formes de valorisation de ces données numériques. Pendant longtemps, les utilisateurs de ces bases de données ont été les musicien•ne•s et chanteur•euse•s, en quête de répertoire. Il s’avère que la création en musique traditionnelle s’inspire moins, aujourd’hui, des sources anciennes et qu’en même temps de nouveaux publics s’intéressent à ces données : chercheur·euse·s, amateur·trice·s du patrimoine local, structures touristiques…
Au-delà du simple enrichissement des bases de données, il convient donc de rechercher de nouvelles portes d’entrées, simples et attrayantes, pour encourager des publics diversifiés à découvrir les formidables ressources sur le patrimoine oral rassemblées par toutes les structures de terrain. Au travers de la multitude des voix et des visages, captés lors des collectes, c’est en effet tout le parcours des personnes dans leurs diversités, qui a été rassemblé. La transmission de cette culture populaire et la communication publique de ces témoignages posent des questions éthiques et juridiques sur lesquelles la FAMDT planche également. En la matière, elle affiche une politique assez ouverte : dans le cas de collectes anciennes qui n’ont pas fait l’objet de conventions signées avec les témoins, la FAMDT préfère le risque assumé de la communication (avec la possibilité, par cette visibilité des sources, de régler les questions juridiques avec les ayant-droits) plutôt que la non-diffusion des témoignages.
La réalité de nos patrimoines
Enfin, à l’instar des acteur·trice·s des musiques qui se penchent sur l’histoire de leur mouvement (et qui viennent chercher l’expérience de la FAMDT autour de gestion de bases de données documentaires), un nouveau chantier se dessine qui consiste à s’intéresser également à ce que notre mouvement des musiques traditionnelles a généré depuis le revival des années 1970 (Le mouvement Folk). De nombreuses productions sonores ont en effet vu le jour, éditées ou non (et souvent difficiles d’accès aujourd’hui), qui révèlent un engouement pour ces musiques. Le travail se fait également et de plus en plus avec une ouverture sur les musiques de l’exil et des migrations. Au-delà de l’approche esthétique, l’intérêt pour les musiques et danses traditionnelles – fluctuant au cours de l’histoire – traduit des mouvements d’opinion et des sensibilités qui sont des révélateurs des mutations de notre société et qui questionne la réalité de nos patrimoines, fruit de la diversité culturelle de la France d’aujourd’hui. À ce titre, la mise à disposition des productions de notre mouvement musical et la mise en contexte de celles-ci intéressent plus de gens que les simples aficionados de nos musiques.
Pour aller plus loin
In Situ – au regard des sciences sociales
Créée en 2019, In Situ – Au regard des sciences sociales est une revue annuelle en libre accès éditée par la direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture. Fondée sur un socle ethnologique, la revue est centrée sur l’étude des questions patrimoniales comme phénomène social, culturel, économique et politique.